– Est-ce que tu as déjà doublé ? me demande un de mes élèves.
– Oui. Mais ce n’est pas parce qu’on a raté une année ou un examen qu’on a raté sa vie.
Je ne me souviens plus ni des mots exacts que j’ai prononcés ni de la discussion qui a précédé et suivi la question posée. Apparemment, ma réponse aurait marqué quelques-uns des élèves présents ce jour-là. D’ailleurs, l’un d’eux m’a raconté des années plus tard que c’est grâce à ma réponse qu’il a eu la force de recommencer après de gros échecs scolaires ou universitaires.
Les mots de cet ancien élève me font penser à ce qui m’est arrivé quand j’ai découvert que mon nom n’était pas sur la liste de ceux qui avaient réussi leur maturité (diplôme de fin d’études collégiales en Suisse). J’étais anéantie. Je croyais que je ne valais rien et que je ne serais jamais capable de réussir quoi que ce soit. À ce moment-là, deux professeurs que j’admirais pour leur intelligence, leurs compétences pédagogiques et leur humanité sont venus me parler de leurs propres échecs scolaires. Je n’en revenais pas. J’avais devant moi deux personnes qui avaient doublé une ou deux années et qui avaient réussi tant d’autres belles choses.
Leurs témoignages en direct m’ont énormément aidée à croire en mes capacités.
Des échecs, qu’ils soient universitaires ou personnels, j’en ai traversé plusieurs. Comme la plupart d’entre nous, j’imagine. Et aujourd’hui, malgré cela, les diplômes se sont accumulés avec ou sans mention. Des recommencements, des réorientations de trajectoire de vie, il y en a eu et il y en aura d’autres.
Il faut tout de même le dire. Je n’aime toujours pas vivre des échecs. Cependant, depuis longtemps, ils ne me démolissent et ne me désespèrent plus. Ils sont devenus des occasions de m’arrêter et de me remettre en question. C’est tout. Et c’est beaucoup.